Union d’utrecht

Monseigneur Jean-Christian VERSTRAET, Archevêque-Primat de la Petite Eglise Apostolique Vieille Catholique et héritier spirituel de la succession apostolique de Monseigneur Corneille STEVENS, trace également sa succession Vieille-Catholique depuis l’antique Siège d’Utrecht, en Hollande. Siège apostolique fondé par l’Apôtre des Pays-Bas, SAINT WILLIBROD, qui fut consacré évêque à Rome, en 696, par le Pape SERGIUS, et qui a son retour aux Pays-Bas, y établira sa cathèdre. L’un de ses successeurs fut le grand SAINT BONIFACE, Apôtre de l’Allemagne.

L’Eglise d’Utrecht pourvut aussi en 1522 le Saint Siège Pontifical d’un digne représentant en la personne du Pape ADRIEN VI, tandis que deux des interprètes les plus remarquables de la vie religieuse, Gart GROOTE, fondateur des Frères de la Vie Commune, et Thomas A KEMPIS, auteur de L’Imitation de Jésus-Christ, appartenaient tous deux à l’Eglise de Hollande.

En 1592, pour diverses raisons dont la plupart étaient d’ordre politique, les Jésuites envahirent la juridiction de l’archevêque d’Utrecht et, quoiqu’ils furent plus d’une fois réprimandés par le Pape et qu’il leur fut ordonné de se soumettre à l’autorité de l’archevêque Petrus CODDE, leurs machinations contre l’Eglise d’Utrecht n’en diminuèrent pas pour autant.

Ainsi, en 1691 accusèrent-ils faussement Pierre CODDE de favoriser l’hérésie Janséniste, malgré les preuves d’innocence de l’archevêque dans cette affaire.

Cependant, l’influence des Jésuites était si grande qu’ils persuadèrent le Pape d’émettre un bref secret suspendant et déposant l’archevêque, qui ne fut jamais autorisé à présenter sa défense, pas plus qu’on ne lui donna les noms de ses accusateurs, ni les charges relevées contre lui.

Nous croyons et nous maintenons que ces procédés irréguliers contre l’Eglise d’Utrecht étaient nuls et sans valeur, puisque basés uniquement sur des charges dont preuve fut faite, à l’époque, qu’elles n’étaient pas fondées.

Devant ces procédés scandaleux et irréguliers l’archevêque Pierre CODDE, soutenu par son chapitre épiscopal, les 52 paroisses et les fidèles de son diocèse, ne put admettre cette décision arbitraire. Les choses en restèrent là jusqu’à sa mort, en 1710.

L’élection du nouvel archevêque appartenait depuis toujours au chapitre d’Utrecht soumise l’assentiment de Rome, qui, en la circonstance, refusa de donner son accord à l’élection du chanoine Cornélius STEENHOVEN, élu à la majorité par le Chapitre.

Or, Monseigneur Cornélius STEENHOVEN était un prêtre éminent, reconnu et respecté de tous ceux qui avait obtenu de Rome le doctorat en théologie. En fait, c’était bien toute la Catholicité de l’Occident qui gardait les yeux fixés sur l’Eglise d’Utrecht ! Qu’allait faire le chapitre ? Trouverait-il un évêque pour consacrer l’archevêque nouvellement élu ?

Les évêques des pays limitrophes étaient peu désireux de se compromettre vis-à-vis de Rome et craignaient à juste titre les réactions de la nonciature de Cologne et de Bruxelles.

C’est alors que la providence devait intervenir en la personne de Monseigneur Dominique VARLET, évêque titulaire d’Ascalon pour l’Eglise Romaine, coadjuteur de Monseigneur PIDOU de SAINT ORLON, archevêque de Babylone en Irak.

Le soir de sa consécration, Mgr VARLET fut informé de la mort de Mgr PIDOU de SAINT ORLON dont il prit automatiquement la succession au Siège de Babylone.

Lors de son passage en Hollande, Mgr VARLET apprit, avec émotion, la pénible situation de l’Eglise Hollandaise et accepta, avec honneur, de confirmer les fidèles à Utrecht, à Amsterdam et à la Haye.

Cet acte pastoral, charitable et courageux, ne lui sera jamais pardonné par le Vatican.

Il fut l’objet d’une suspense, plus ou moins canonique, sous prétexte qu’il n’avait pas visité l’internonce à Bruxelles ! Mgr VARLET, devant cette attitude inqualifiable, resta en Hollande et accepta, sur la demande du chapitre d’Utrecht, de consacrer l’archevêque élu, Cornélius STEENHOVEN.

Lui succèdera Monseigneur MAINDAERTS, archevêque tout aussi éminent qui procédera à la consécration épiscopale des évêques de Haarlem et de Deventer.

Le 1er septembre 1763 s’ouvrira en l’église Sainte Gertrude à Utrecht le premier Concile de l’Eglise Vieille-Catholique de Hollande. Ce fut un monument d’orthodoxie et de respect pour le Saint Siège :

«Nous acceptons sans aucune exception tous les articles de la sainte foi Catholique. Nous ne retiendrons ni n’enseignerons jamais, maintenant ou plus tard, d’autres opinions que celles décrétées, déterminées et publiées par Notre Sainte Mère l’Eglise. Nous rejetons et condamnons tout ce qui s’y oppose, spécialement toute exception que l’Eglise a condamnée ou rejetée».

Cette déclaration du concile d’Utrecht devait rester, pour les Eglises Vieilles-Catholiques, la charte de leur déclaration de foi. Elles eurent l’heur de plaire en Europe chrétienne et catholique, et l’archevêque d’Utrecht reçut de nombreuses lettres de félicitations.

Le Pape CLEMENT XIII lui-même s’en déclara fort satisfait, mais les Jésuites veillaient et obtinrent finalement un décret injurieux contre les participants au Concile d’Utrecht. Pourtant, à cette époque et plus tard encore, les membres de l’Eglise Vieille-Catholique d’Utrecht se montraient de fidèles catholiques romains, ne souhaitant que la réconciliation avec Rome. Sans compter qu’en Allemagne, en Suisse, en Autriche, des paroisses entières voulurent rester fidèles à ce catholicisme romain de toujours.

Pour ce faire elles se tournèrent avec confiance vers le siège métropolitain d’Utrecht. N’était-elle pas la plus ancienne église occidentale qui avait retrouvé le catholicisme primitif authentique ? En outre, la validité de son sacerdoce ne posait de question pour personne.

Il convient de souligner que Rome n’a jamais pu contester la validité des consécrations épiscopales faites par Monseigneur VARLET. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement selon la doctrine même de l’Eglise.

Par la suite Monseigneur Gerardus GULL, Archevêque-Primat de l’Eglise Vieille-Catholique de Hollande, assisté de Monseigneur VAN THIELMonseigneur SPIT et de Monseigneur DEMMEL, conféra en la cathédrale Sainte-Gertrude à Utrecht, le 28 avril 1908, la consécration épiscopale à Monseigneur Arnold Harris MATHEW, lui transmettant ainsi une indiscutable succession apostolique, issue du Cardinal BARBERINI en passant par BOSSUET.

Monseigneur MATHEW, fidèle aux déclarations du 1er Concile de l’Eglise Vieille-Catholique d’Utrecht de 1763, fonda alors l’Eglise Vieille-Catholique d’Angleterre, qu’il établira par la suite en Amérique (USA) et à travers le monde. Son successeur à cette charge sera Monseigneur Charles BREARLEY, qui, lors d’une visite en Belgique, rencontra en 1969 à Liège le Père Aimé Amédée BAUSIER, alors en charge de la Petite Eglise Stéveniste.

De là naquit le besoin de renouer avec une tradition ecclésiale bien établie. C’est pourquoi deux ans plus tard, le 1er juin 1971, le père Aimé BAUSIER sera ordonné et consacré à Bruxelles par Monseigneur BREARLEY, au titre d’Archevêque titulaire de Tolente au sein de l’Eglise Vieille-Catholique d’Angleterre, et de Primat de la Petite Eglise Stéveniste Anticoncordataire.

Evêque et Père spirituel de la Petite Eglise Apostolique, Monseigneur BAUSIER ordonnera et consacrera, a son tour, peu avant son décès à Ghislenghien (Ath), le 24 mai 1979, son ami de longue date, le Père Jean-Christian VERSTRAET, avec qui il partageait le souci de retrouver l’esprit qui animait les premières communautés chrétiennes de la Petite Eglise.

Successeur du Père Amédée, le Père Jean-Christian VERSTRAET ajoutera, en 1982, à la dénomination patronymique de la Petite Eglise Apostolique la qualification de «Vieille Catholique» en hommage à Mgr Charles BREARLEY.